mercredi 28 octobre 2009

café le troquet OTTAWA

Contes du mardi au café Le Troquet

Contes du mardi transforme Le Troquet en pays des milles et une nuit.

Par Marcel Joseph

Le 12 octobre dernier, Contes du mardi a pris son envol au café Le Troquet, et vu l’envergure de ce premier spectacle, il convient de dire que la vitesse de croisière est atteinte de manière la plus merveilleuse qui soit.

Mardi 12 octobre, 19h, avouez-le, le temps était magnifique. Mais, la journée nous faisait doucement ses adieux. Le soleil s’enfonçait allègrement dans le creux d’un crépuscule éclatant d’azur et d’or, faisant ainsi place aux géants de la nuit. Faisant aussi place aux contes pour le grand bonheur de ceux qui ont franchi la porte du sympathique petit café du vieux Hull. Il est19h30, Jacques Falquet gravit le podium, c’est le temps, c’est le soir.

La première partie de la soirée avait commencé avec Jacques Falquet lui-même, maître d’œuvre des Contes du mardi. À cheval entre conteur et présentateur, il finit par nous conter une histoire. Rien d’étonnant, c’est un conteur! Il est suivi par Marc Scotte, un conteur de la région qui nous abreuva de l’histoire du bonhomme sept heures. L’exercice de bercement suivait imperturbablement son cours.
Marc Scotte ayant terminé son tour de conte, Jacques Falquet annonça l’invité clou de la soirée, Toumani Kouyaté. Un conteur venant du côté de l’hexagone. Alors que les têtes se tournaient de partout, dans la profondeur du couloir qui conduit aux toilettes et à la cour arrière, une chanson se fit entendre, un jeune homme tout de blanc vêtu s’avança allègrement, et gagna le minuscule podium sur lequel il se perchera pendant deux heures.

La salle était saturée. Des yeux rivés, des oreilles affûtées, dressées comme ceux des enfants du village, pendus aux lèvres du vieux sage.
« Je suis né conteur. C’est un don que j’ai. Depuis que je suis tout petit, je raconte des histoires. On m’appelait Toumani le menteur. »

S’exprimant ainsi à l’entrevue qu’il nous a gentiment accordé après le spectacle. Cherchait-il, ainsi à nous convaincre de la véracité de son talent? Pas nécessaire car, en regardant ce public se marrer, nous avions la preuve irréfutable de son talent et de la rigueur qui sous-tend son spectacle.

Une enfilade de petites histoires, toutes truffées de gags, provoquant des éclats de rires systématiques à leur tombée. On se croyait à bon escient dans un show d’humoriste.
Fin observateur de la vie de couple dans les sociétés, apprenons-nous plus tard en entrevue, ses contes sont parsemés de petites flèches ironiques, grinçantes par moments, question de conscientiser les gens sur certaines tares dans les sociétés qui rongent les couples, plaît-il à souligner : «Les gens veulent seulement entendre l’autre, mais ils refusent de l’écouter, c’est pour moi une des premières raisons des disputes dans un couple.»

En effet, l’homme et la femme sont la pièce charnière de tous les contes de l’artiste. Pour preuve, son spectacle s’intitule: Paroles de femmes, secrets des femmes. Qu’il s’agisse de l’histoire de la princesse qui voulait se marier avec quelqu’un qui sait raconter des histoires ou celle du Meunier ou d’autres encore sur la création, la vie de couple demeure un thème récurrent. Le conteur justifie cette accentuation comme un choix personnel. Il se dit convaincu que la solution des problèmes de notre monde passe par des couples qui savent s ‘écouter.
Celui qui a dû abandonner ses études en ethnologie pour se consacrer entièrement à son métier de conteur dit reconnaître la part énorme de ces études dans sa carrière. «J’ai adapté plusieurs des contes que j’ai racontés, il y en a d’autres que j’ai créés. Mes études en ethnologie ont une influence gigantesque sur mon travail.» Musicien, chanteur, danseur, professeur, candidement, Toumani Kouyaté plaide pour l’appellation conteur.

Né au Burkina Faso, Toumani Kouyaté est un griot, se réclame-t-il, le plaisir de raconter est sa vie. Il n’a de place pour rien d’autres, pas même pour une toute petite famille. Paradoxe ou ambiguïté, à vous d’en juger. Le conteur prône le couple parfait, sans en avoir fait l’expérience, peut-être par peur d’être victime du dicton « Cordonnier mal chaussé ».

Qui sait ? Bref, l’essentiel, sa présence continue de procurer du bonheur à l’étendue de la francophonie, à ceux qui ont la chance de se pendre à ses lèvres volubiles. Il regagnera Paris le 1er novembre, gardant certainement le doux souvenir d’avoir, par la magie des contes, fait visiter à de nombreux poilus le fabuleux monde des tout petits: les histoires merveilleuses. Et qui n’aime pas se faire raconter des histoires ?

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